Philippe Brunet
Professeur de Sociologie, HDR
Domaines d’expertise
Travail scientifique (organisation, institutions, productions) et innovation ; relations sciences et industrie (biotechnologies, STIC)
Éthique en sciences
Démocratie en sciences
Production, circulation et confrontation entre savoirs scientifiques, savoirs experts et des savoirs d’expérience.
Environnement et risques dans le domaine du nucléaire (expertises, savoirs, engagements collectifs citoyens).
Thèmes de recherche
Travail scientifique et innovation
À partir de l’idée de Marx, énoncée dès le 19ème siècle, d’une science devenue force productive immédiate, il s’agit d’analyser sa réalité contemporaine et ses évolutions possibles en lien avec l’industrie, notamment dans le domaine de biotechnologies. Cette approche suppose de connaître le procès de travail scientifique dans ses aspects concrets au sein de rapports sociaux de production plus globaux en s’intéressant notamment à l’organisation du travail scientifique aussi bien dans les lieux académiques qu’industriels, aux institutions qui orientent les projets et les ressources pour les satisfaire et incitent ainsi à l’innovation et aux productions qui en découlent. Des programmes de recherche sont en cours en biotechnologies de la santé, notamment.
Ethique en sciences
La dimension de l’éthique dans et sur le procès de travail scientifique est quasi-permanente. Pour certains domaines, elle prend la forme de contraintes normatives puissantes : ainsi certaines recherches interdites par la loi peuvent, par dérogation, être autorisées sous réserve de se soumettre à certaines conditions. Pour d’autres, elle est une injonction qui se généralise : faire de la science et de l’innovation dans une démarche éthique devient une obligation pour de nombreux projets de recherche en partenariat avec l’industrie financés par les institutions publiques. Ce thème de recherche vise donc à comprendre l’éthique comme un nouveau régime de normativité qui s’impose à la science. Trois angles d’approches sont privilégiés : 1) observer comment le monde de la science s’en saisit et y réagit ; 2) observer également l’éthicisation de la science comme un processus bureaucratique. 3) Dans cette perspective également, mettre en place des dispositifs de recherche-action au sein des projets partenariaux en vue d’une réflexivité des acteurs.
Démocratie en sciences
Le fait que la science soit une force productive immédiate implique un rapport politique à la science et aux innovations spécifique des rapports sociaux de production dominants. Il se caractérise par une amputation citoyenne. En effet, les citoyens, de manière générale, ne sont guère conviés à la définition des choix scientifiques et technologiques et des politiques scientifiques. Ils sont considérés comme de futurs consommateurs de biens marchands issus d’un processus de production qui leur échappe. Dans le cadre d’un groupe de travail au sein d’une association, Espace Marx, il s’agit de poser les bases d’une réflexion renouvelée à cet égard.
Environnement et risques dans le domaine du nucléaire
Les questions environnementales et de risques collectifs prennent place dans les « effets induits latents » (U. Beck) que ne cesse de produire nos rapports sociaux de production. Ces questions environnementales sont alors l’objet de confrontations sociales, souvent par la médiation de l’expertise scientifique. C’est donc à la convergence des situations risquées qu’il faut essayer de comprendre les formes de mobilisation où se confrontent une pluralité d’acteurs (citoyens engagés, experts, institutions etc.), étayées par des savoirs eux-mêmes pluriels, et ce qui en résulte sur ces situations en termes de connaissances et de décision publique. Le terrain sur lequel s’exerce l’observation sociologique est celui des anciennes mines d’uranium en France.
L’œuvre de Pierre Naville
Pierre Naville est l’un des sociologues français les moins connus tant sa postérité est fragile. Pourtant, il a écrit une œuvre dense et vaste aussi bien sur les questions du travail, plus largement de la production sociale et de son devenir dans des sociétés pleinement industrielles, qu’autour de questions propres à l’épistémologie de la sociologie au regard des autres continents scientifiques, plus globalement des savoirs. C’est pourquoi, nombreux sont ses textes qui interpellent les thèmes précédents. Le projet de recherche a pour objectif, à partir d’une lecture « globale » de l’œuvre de Pierre Naville, de s’interroger, d’une part, sur l’unité intellectuelle de son œuvre et, d’autre part, sur sa potentialité à comprendre le présent et l’avenir de nos sociétés hautement technicisées.
Publications
Ouvrages et directions d’ouvrages
2004, La nature dans tous ses états : Uranium, nucléaire et radioactivité en Limousin, Presses Universitaires de Limoges, 2004, 353 pages.
Articles dans des Revues à Comité de lecture
2012, « Temporalités dans la recherche biomédicale : la science au travail saisie par le temps », La Nouvelle Revue du Travail, n°1, décembre
2012 : avec Dubois M., « Emergence et régulation sociale de la recherche sur les cellules souches embryonnaires humaines en France », Revue Française de Sociologie
2011, « Procès de production d’une recherche orientée entre chercheurs, malades et entrepreneurs : le cas d’une « biotech à but non lucratif » », Revue Interventions économiques, n° 43
2008, « De l’usage raisonné de la notion de « concernement » : mobilisations locales à propos de l’industrie nucléaire », Natures Sciences et Sociétés, 16, pp. 317-325
2007, « Mise en place d’une organisation du travail technoscientifique autour du potentiel des cellules souches embryonnaires humaines », Revue d’Economie Industrielle, n°120, 4ème trimestre, pp. 61-78.
2004, « L’environnement concerté et négocié : un demi-siècle d’exploitation industrielle de l’uranium en Limousin », Ecologie et Politique, n°28, pp.121-140.
2000, « Radioactivité et imaginaire », Les Territoires du travail, n°5, pp. 87-95
1996, « Employés et femmes dans la ville : travail, culture et citoyenneté », Société Française, n°6 (56, pp. 12-21).
Chapitres dans des ouvrages collectifs
2013, avec Guespin J., Jacq A. (Coord.), La science pour qui ?, Paris, Editions Le Croquant.
2013, « Gouverner les déchets, une affaire urbaine en milieu rural : le cas de l’industrie de l’uranium , in Ba A. H., Lombard J. (Coord.), Dynamiques de développement et enjeux de gouvernance territoriale, Paris, L’Harmattan», pp. 65-71.
2012, “A controversial process of support : the renmants of mining uranium at their qualification level radioactive waste – the case of France.” in Radioactive Waste, (dir) Rehab Abdel Rahman, Intech, ISBN 979-953-307-274-5.
2006, « L’expert en technosciences : figure « critique » ou « gestionnaire » de la civilisation industrielle contemporaine ? » in GUESPIN J., JACQ A. (Coord.), Le vivant, entre science et marché : une démocratie à inventer, Ed. Syllepse, 2006, pp. 99-125.
2006, « Flux et reflux de l’engagement antinucléaire. Entre vigilance et dénonciation », in ROUX J. (Coord.), Etre vigilant – L’opérativité discrète de la société du risque, Presses Universitaires de Saint-Etienne, pp. 189-202
2004, « La CRII-RAD, un laboratoire « passe-muraille » entre militantisme et professionnalisme », in Reconversions militantes, TISSOT S. (Dir.), Limoges, Presses Universitaires de Limoges, pp. 163-173
2004, « L’impossible gouvernance à l’épreuve de la nature agissante » in SCARWELL H.-J., FRANCHOMME M. (Dir.), Contraintes environnementales et gouvernance des territoires, L’Aube, pp.147-154
2004, « Le séminaire public de recherche ou comment, méthodologiquement, faire advenir, au cours du processus de recherche, un état momentané de la chose publique », Journées scientifiques du CPN, 23-24 septembre 2004, Cahiers d’Evry, Evry.
Rapports de recherche
« Le procès de travail technoscientifique dans les biotechnologies : le cas de l’Institut des cellules souches », programme de la MiRe-DREES (2005-2007) Recherche et innovation dans le domaine des biotechnologies : spécificités et enjeux économiques, Centre Pierre Naville, mai 2008, 374 p.
Mines d’uranium et sécurité en terre limousine. Retour sur la passé pour maintenir la vigilance, Actes du séminaire de La Crouzille (87), (en coll. Avec F. Ogé et J. Roux) dans le cadre de la recherche « Histoire collective et vertu solidarisatrice d’un risque inassignable : les sols potentiellement pollués », Programme CNRS « Risques collectifs et situations de crise », juin 2000, 136 p.
« Le phénomène associatif à propos de l’extraction de l’uranium en Limousin », in CRESAL [sous la direction de A. Micoud], Dynamique et fonctionnement des associations de protection de la nature et de défense de l’environnement, rapport DSAD/SRAE du MATE, juillet 1999.
Compte-rendu d’ouvrages
2011, compte-rendu de lecture de : Guimarães Pereira A., Funtowicz S., (Eds), Science for Policy: New Challenges, New Opportunities, Oxford University Press, 2009, in Natures, Sciences et Sociétés, 19, pp. 307-309.
Communications
Colloques et séminaires
2014
« Science et émancipation au regard des théories critiques de la valeur après Marx », Colloque Penser l’émancipation, Paris X, Nanterre, 20 février.
« Quelques verrous à lever dans la post-exploitation de l’uranium », Journée scientifique Traces, transferts, patrimoine, Ecole des Mines, Nantes, 27 février.
Table ronde « Les usages de la télémédecine : enjeux socio-économiques et éthiques », Colloque JETSAN, STIC et Santé – Les sciences et technologies de l’information et de la communication au service de la santé et de l’aide à la personne, Université Technologique de Troyes, 25 juin.
« Le biohacking : une révolution dans les valeurs et les pratiques de la science et de la technologie ? », Colloque Science, Innovation, Technique et Société, CR29 de l’Association internationale des sociologues de langue française et RT29 de l’Association française de sociologie, Université de Bordeaux, Bordeaux, 9, 10 et 11 juillet.
2013
« Science et industrie au laboratoire : une convergence intégrative sous tension. », Colloque Science et Industrie, Centre d’Alembert, Paris XI, Orsay, 15 et 16 mai.
« Plaidoyer pour une science modeste, pluraliste, ouverte et intégrative », colloque Science, technologie et culture de la paix, UEVE, Evry 22 et 23 mai.
Table ronde « Les usages de la télémédecine : enjeux socio-économiques et éthiques », Colloque STIC et Santé – Les sciences et technologies de l’information et de la communication au service de la santé et de l’aide à la personne, Esigetel, Fontainebleau, 29 mai 2013.
« Le non-travail : un horizon crédible pour une autre civilisation industrielle ? », Colloque Actualité de Marx et nouvelles pensées critiques, Espace Marx Aquitaine, Bordeaux, 6 décembre 2013.
2012
« Normes de vie et automatisation des milieux : de quelques tensions sur l’autonomie personnelle à propos de la santé », Colloque STIC et Santé – Les sciences et technologies de l’information et de la communication au service de la santé et de l’aide à la personne, Université de Reims & Esigetel, Châlons en Champagne, 5 avril.
« Les Indignés, un mouvement ? », Colloque Arts, Langues et Interculturalité : alternatives au paradoxe de la globalisation, SCRIPT-UFR LAM, Evry, 27-28 mars.
2011
« Gouverner les déchets : une affaire urbaine en milieu rural. Le cas de l’industrie de l’uranium », Colloque « Dynamiques des espaces ruraux et périurbain : le développement durable face à la mondialisation », Evry, 27-28 octobre 2011
« Emergence et régulation sociale de la recherche sur les cellules souches embryonnaires humaines en France » (avec M. Dubois), Congrès de l’Association Française de sociologie, 5-8 juillet 2011
« Accompagnement, observation, transformation : quel cheminement pour les SHS dans leurs coopérations avec les autres sciences ? », Colloque « La parole aux sciences humaines et sociales : que nous disent-elles sur les sciences et les technologies aujourd’hui ? », Centre d’Alembert, Université de Paris XI – Orsay, 11-12 mai 2011
2010
« Ce qu’autoriser le travail sur les cellules souches embryonnaires humaines veut dire : régulations, apprentissages conjoints et décontextualisation », 3èmes journées d’études CR29 AISLF, FUNDP-Université de Namur, 19-21 mai 2010
« Effets de légitimité sur la programmation d’un nouveau domaine de recherches : Desserrer la contrainte sur les cellules souches embryonnaires humaines – le cas I-STEM », Colloque « Programmer la recherche », Centre d’Alembert, Université de Paris XI – Orsay, 5-6 mai 2010
« Affaires privées et affaires publiques autour de l’industrie de l’uranium : pour une approche socio-historique de l’environnement concerté », Séminaire EHESS GRSP « Débats publics et formes de mobilisation territorialisée », Marseille, 8 janvier 2010.
2009
« Pouvoir travailler en laboratoire : tensions éthico-normatives sur les cellules souches embryonnaires humaines », Séminaire IFRIS, « Les frontières du vivant – Biologie, agriculture et médecine de 1945 à nos jours », 11 septembre
« La capacité de prise de charge : une catégorie d’analyse pour penser la gestion des résidus de l’industrie minière de l’uranium », Colloque sur la réversibilité, ANDRA, 17-19 juin 2009
« « Jeune chercheur » : une catégorie endogène à interroger », Colloque international « L’activité scientifique et la condition de chercheur », Fédération Mondiale des Travailleurs Scientifiques, Université de Paris-Est Marne-la-Vallée, 11-13 février 2009
2008
« L’industrie de l’uranium : le chaînon manquant du nucléaire ou le récit d’une histoire éclatée », Nucléaire et développement régional, Colloque international, 11-12 décembre 2008, Tours, Centre d’Etudes et de Recherches sur l’histoire des Mondes Anciens, de la Ville et de l’Alimentation (CERMAHVA)
« Uranium, nucléaire et radioactivité : trois espaces des risques radioactifs autour de l’industrie de l’uranium », Séminaire du Centre d’Alembert, Paris XI, 10 décembre 2008, Orsay
2007
« Le « post-doc » : transition professionnelle et précarisation du travail des scientifiques » XIèmes Journées Internationales de Sociologie du Travail, Londres, 20-22 juin 2007
« L’éthique scientifique : Une éthique dans ou sur le travail technoscientifique ? » Workshop international, L’éthique au travail : bilan et hypothèses de recherche, Institut d’éthique appliquée (IDEA), Université Laval à Québec, 19 et 20 avril 2007
« Mobilisations associatives autour du risque sanitaire radioactif : concernement et engagement », Population et environnement industriel : poisons et radiations, de l’époque moderne à nos jours, Séminaire ESOPP, EHESS, 14 mars 2007, Paris.
2006
« Une construction du sens du travail scientifique : des cellules souches embryonnaires humaines à la thérapie cellulaire », Congrès de l’AFS, 5-8 septembre 2006, Bordeaux
« Processus de concrétisation d’un modèle productif de recherche orientée : le cas d’I-STEM », Congrès de l’AFS, 5-8 septembre 2006, Bordeaux
« Modalités de recrutement et constitution d’un laboratoire en biologie », Actes des deuxièmes Journées d’études « Sciences, innovations technologiques et société » du comité de recherches « Sciences, innovations technologiques et société » (CR29) de l’Association des Sociologues de Langue Française (AISLF), du 3-5 mai, 2006, P.U.G., Grenoble.
« Les Mères en Colère : entre tradition et innovation à propos de l’industrie nucléaire », 130ème congrès du CTHS, 24-29 avril 2006, Grenoble.
Autres interventions
2012
« Recherche-action et positionnement dans les projets technoscientiques », séminaire Espace Marx/CERSA « faire de la science autrement pour changer la science, quelle latitude ? – Des stratégies scientifiques contextualisées », Paris, 4 février 2012.
2011
« Pierre Naville, marxiste du 20ème siècle : pour une science des rapports de production », Masterclass « Marx, penseur de la technique ? », CHT2S, Paris 1, 7 mai 2011.
« Uranium, nucléaire et radioactivité : Risques radioactifs et industrie de l’uranium en Limousin », conférence à LSR 87, Limoges, 12 avril 2011.
« Pierre Naville et la science : le fantôme de d’Holbach », Séminaire du Centre Pierre Naville, 04 février 2011.
Enseignements
– « sociologie quantitative », L2 sociologie
– « sociologie générale : le fonctionnalisme », L3 sociologie
– « sciences et innovation », L3 sociologie
– « séminaire de méthodologie », M1 sociologie
– « initiation à la sociologie des sciences », M1 GBI (département biologie)
– « sociologie de l’environnement », M1 sociologie
– « sociologie des risques », M2 DSU-DD, M2 SPO
– « méthodologie de la recherche », M2 IFP
Responsabilités
Membre du bureau du RT 29 de l’Association Française de Sociologie
Membre du Conseil scientifique des programmes du Centre d’Alembert, Université de Paris XI-Orsay
Membre du Conseil scientifique du Fonds ProStem
Membre du Conseil d’Administration de l’Université d’Evry Val d’Essonne
Membre du Comité de lecture de la Nouvelle Revue du Travail
Expert à l’ANRT pour projet de thèses CIFRE
expert à l’AERES
expert auprès de l’ANR (programme CESA 2011)
Reviewer revues : revue Temporalités, Revue d’Etudes en Agriculture et Environnement.
Formation et parcours professionnel
Habilitation à Diriger des Recherches, EHESS, soutenue le 21 mai 2014. Titre : « La science au travail : pour une sociologie critique des relations entre science et industrie. »
Doctorat de sociologie, Université de Bordeaux II, mention très honorable avec les félicitations du jury à l’unanimité, thèse soutenue le 29 mai 2002. Titre de la thèse : « Emergence et permanence d’une question environnementale : le cas de l’industrie de l’uranium en Limousin ».
DEA de Sociologie, Université de Bordeaux II, mention bien, novembre 1994.
DESA de Psychologie du travail, C.N.A.M. Limoges, juillet 1992.
Certificat Général de sociologie du travail, C.N.A.M. Limoges, septembre 1991
D.U.T. Mesures Physiques, I.U.T. de Clermont-Ferrand, juillet 1976
Maître de Conférences de l’UEVE, HDR (département de sociologie) depuis 2004
Parcours professionnel au Ministère de l’Agriculture de 1977 à 2004
Mise à jour : décembre 2014